Le premier round de matchs de cette coupe du monde a rendu son premier verdict sur l’état de forme des 32 nations participantes, et une chose est déjà acquise : l’esprit des Garrincha, Didi, Vava, Socrates et autres illustres joueurs brésiliens défunts semble habiter les joueurs de ce 20e Mundial. Jeu en mouvement, avalanche de buts, projection rapide vers l’avant et bataille de mousse à raser, on ne s’est pas ennuyé durant cette première semaine.
Le Brésil un peu flagadao
Etonnamment, cet esprit do brazil ne semble pas avoir pris possession du poste d’avant centre de l’équipe la plus attendue de cette coupe du monde aka la bande à Neymar. Au contraire ce serait plutôt l’esprit de Will Ferrell version Blades of Glory (les rois du patin en français) qui s’est emparé de Fred, l’ancien buteur lyonnais lors du match d’ouverture entre le Brésil et la Croatie. Un péno volé, un match monstrueux de Neymar Junior auteur d’un doublé et une équipe croate très habile au milieu mais malmenée par l’arbitre ont donné le ton : rien ne viendra entraver la marche programmée du Brésil vers un 6e titre. Victoire 3-1 pour les Brésos, sans trop savoir comment à vrai dire.
Le lendemain, l’arbitrage a encore été à l’honneur à l’occasion de la confrontation entre le Mexique et le Cameroun avec deux buts incroyablement refusés pour les Mexicains. Fort heureusement, aucune injustice pour la team Taco Bell avec une victoire 1-0 sous un déluge absolument pas dans l’esprit coupe-du-monde/été/Brésil. Cette fois, le Mexique a peut-être les moyens de dépasser les huitièmes de finale après cinq éliminations consécutives… Côté Lions Indomptables, on pourra mentionner la rapidité de la charnière centrale Chedjou-Nkoulou (lol) et l’esprit collectif du négociateur de primes Eto’o fils. Que du positif pour la suite et le plein de confiance avant de jouer la Croatie puis le Brésil (lol encore).
L’Espagne sous terre. Les Pays-Bas sur orbite
Après l’Argentine en 1982 (Argentine 0-1 Belgique) puis en 1990 (Argentine 0-1 Cameroun) et enfin la France en 2002 (France 0-1 Sénégal), l’Espagne a frappé fort dans la légende des tenants du titre fauchés dès leur premier match de coupe du monde avec une cinglante défaite 5-1 face aux fusées bataves.
Alors forcément on voit déjà naître certains doutes chez tous les footix de ces 6 dernières années. Mais attention il ne faut pas tirer de conclusions trop hâtives. Qui sait ? Après tout si l’Espagne termine 2e de son groupe elle pourra toujours éliminer le Brésil en 8e, puis l’Uruguay, l’Italie ou l’Angleterre (ou le Costa Rica) en quarts et donc s’ouvrir le chemin des demies…. Pour cela, il faudra sans doute un Iker Casillas un peu moins vieux, un Piqué un peu moins en vacances au Brésil et des Madrilènes un peu moins gueule de bois !
Il faut sauver Piqué
En revanche, côté Oranje, de nombreux espoirs sont nés après ce premier match tant le trio RVP-Robben-Sneijder a rappelé qu’il n’était pas vice-champion du monde pour rien et tant l’arrière garde néerlandaise a été impressionnante (costaud le petit Martins Indi). Chacun auteurs d’un doublé, Flying Van Persie et Robben Falcon ont entamé la course du plus gros melon.
Quant à l’autre match dont tout le monde se foutait entre l’Australie et le Chili mais qui pourrait quand même s’avérer essentiel pour l’avenir de l’Espagne, c’est le Chili qui s’est imposé 3 à 1 avec deux buts chiliens marqués dans le premier quart d’heure. Plus petits joueurs en taille de ce mondial, les Chiliens n’en sont pas pour le moins rapides et virevoltants (cliché ?). Attention quand même à leurs largesses défensives car après tout en face ce n’était qu’une équipe, que l’on surnomme les Socceroos (mélange de soccer et kangourou).
La Colombie comme chez elle
Dans ce groupe, tout a commencé par une victoire easy 3-0 de la patrie de ce cher Carlos Valderrama sur des Grecs visiblement toujours bloqués en 2004. Supportés par 35 000 colombiens (un demi-million de colombiens vivent au Brésil), Yepes and co n’ont pas tremblé comme bon nombre de leurs prédécesseurs cafeteros pour leur entrée dans la compétition.
L’autre match entre le Japon et le Côté d’Ivoire se tenait à 3h du matin. Pour juger ces deux équipes il faudra attendre une diffusion à une heure plus décente donc en attendant http://www.lequipe.fr/ Football/match/312282. Sabri Lamouchi aurait déclaré qu’il dédicaçait cette victoire à Aimé Jacquet.
Italie et Angleterre : C’est pas comme si vous ne saviez pas
Le match entre l’Italie et l’Angleterre constituait le premier choc de cette compétition. Deux équipes européennes de premier plan, des joueurs talentueux de chaque côté, des surprises au coup d’envoi (Verratti et Sterling), alors forcément on pense que tout peut se produire. Mais au final cette confrontation fut on ne peut plus classique. L’Italie a été très réaliste cherchant à fermer les espaces alors que l’Angleterre a été intéressante par à coup mais elle a manqué de cohérence tactique. Sans déconner ça fait pas 15 ans qu’on voit ça ? Et bien dans ce cas, on le sait tous c’est victoire pour l’Italie. Score final 2-1.
Uruguay/Costa Rica, voici un match que personne n’a vu venir. Et pourtant, un peu d’analyse des anciennes coupes du monde aurait permis de constater que le Costa Rica est un adepte du match d’ouverture avec des victoires en 1990, 2002 et donc 2014 en seulement 4 participations. Les Uruguayens, sont totalement sortis de leur match avec une défaite 3-1 et un carton rouge. C’est très mal parti pour la Céleste dans ce groupe, alors que le Costa Rica va tenter de renouveler son exploit de 1990 avec une qualification pour les huitièmes de finale.
Le dunk de l’Allemagne sur le Portugal
Deuxième choc européen entre la Mannschaft et la Seleçao européenne avec la confirmation d’une tendance : la Decima du Real a fait du grabuge. Après Sergio Ramos, Iker Casillas et Xabi Alonso, les madrilènes Pepe, Cristiano Ronaldo et Coentrao ont confirmé qu’une saison à 60 matchs laisse forcément des traces et qu’il ne faudra peut-être pas compter sur eux cet été.
Alors comme l’Allemagne comptait, elle, dans ses rangs le seul joueur madrilène ayant passé la saison à l’infirmerie du Real (Sami Khedira), entouré de la moitié de la Dream Team de l’édition 2013 de la Ligue des Champions, il n’y avait en réalité aucune comparaison possible entre les deux équipes et donc aucun doute sur le statut de favori de nos voisins teutons. Dans les campings de la Costa Brava, les Néerlandais ne seront désormais plus les seuls à frimer avec leur équipe nationale, puisque les Allemands ont tout autant frappé les esprits avec un 4-0 bien carré, quatre ans après avoir infligé le même score à l’Australie en match d’ouverture.
Mais cette année, ce n’était pas les “Socceroos” en guise de hors d’oeuvre mais bien le Portugal, une équipe supposée redoutable. ll n’aura fallu qu’une seule mi-temps pour que le jeune Thomas Müller (oui, Monsieur n’a que 24 ans !) fasse sauter l’équipe la plus gominée du mondial. Trois buts supplémentaires dans sa besace et c’est peut-être lui qui va dépasser le record de 15 buts de Ronaldo (le vrai on est tous d’accord). A croire que Müller (Gerd) est un nom qui offre certaines dispositions en coupe du monde.
Cristiano Ronaldo aura beau pleurer, se plaindre de son coach, critiquer ses coéquipiers, il risque de rentrer encore plus tôt qu’en 2010 à Madère et laisser une porte ouverte à Messi dans leur quête des 43 Ballons d’Or, s’il ne réagit pas dès le prochain match contre les USA.
L’Argentine face A, face B
L’Argentine a débuté ce mondial de façon surprenante. On ressasse son talent offensif depuis des mois, et en match d’ouverture le sélectionneur Sabella, trouve le moyen de nous sortir un schéma tactique digne de Chasselay face au PSG. Messi n’a pas dû apprécié de se voir ridiculiser par l’Emir Spahic, donc le sélectionneur s’est exécuté pour faire rentrer rapidement du renfort devant. Avec Higuain en plus, les espaces se sont ouverts et Messi a pu débloquer son compteur dans cette coupe du monde. Oui : en équipe d’Argentine il y a Messi et les autres (1986, ca vous dit quelque chose ?). Victoire 2-1 des Argentins.
Iran-Nigéria : 0-0. Messieurs, il faudra rentrer dans le rang et marquer des buts comme tout le monde.
Comme Schumacher, Fellaini sort du coma
On a parlé de la Belgique comme d’un grand favori mais c’est bien l’Algérie de Coach Vahid qui a bien failli créer une énorme surprise dans ce dernier groupe. Fort heureusement, Marc Willmots a arrêté ses essais pour faire rentrer en deuxième période Mertens et Fellaini, tous les deux buteurs en fin de match. Disparu du côté de Manchester United, ce dernier rechercherait la nouvelle adresse de David Moyes pour lui offrir son maillot. Victoire difficile mais victoire quand même pour les Belges. 2-1.
“Tu vas voir cette coupe du monde que je vais te faire”
Le dernier match de cette phase de poules a vu une opposition assez atypique entre la Corée du Sud et la Russie, toutes les deux marquées d’une envie incroyable de coller des frappes de loin. A ce petit jeu là, c’est Akinfeev, le gardien russe qui en a fait les frais avec une bourde façon Arconada/Zubizaretta. Mais les hommes de Capello n’ont rien lâché pour revenir à égalité dans les dernières minutes (1-1). Une défaite de Capello face à la Corée du Sud, ça aurait été moche quand même…
France d’en haut ou France d’en bas ?
Terminons cette revue d’effectifs par le groupe de la France, victorieuse 3-0 du Honduras. Que dire pour ne pas tomber dans l’euphorie déplacée de certains médias (les Bleus vont être champions du monde, Benzema est devenu un dieu vivant, Griezmann est le nouveau Zidane) et pour ne pas faire du Pierrot Menes après un match de Ligue 1 (oui ce n’était que le Honduras en face) ? En réalité, il faut déjà savoir que le Honduras reste une équipe qui a terminé devant le Mexique en qualification de la zone CONCACAF, avec des victoires contre les Etats-Unis, le Costa Rica et le Mexique. Donc pour le statut de nation la plus faible, on attendra de voir ses prochains matchs pour juger cette équipe. La Suisse, qui avait fait 0-0 contre le Honduras en Afrique du Sud il y a 4 ans, pourra témoigner. Par ailleurs, la France n’a concédé qu’une demi-occasion dans ce premier match. Dans ce Mundial do Brazil, où les équipes sont très joueuses et concèdent beaucoup d’occasions, cela démontre une réelle rigueur et concentration de la part des joueurs français.
Néanmoins, la frayeur provoquée par Pogba lors son altercation avec Palacios était là pour nous rappeler qu’un match de coupe du monde peut basculer sur un détail. On a vite vu poindre à l’horizon les démons d’un certain France/Arabie Saoudite de 1998, qui auraient pu vite venir perturber les deux prochains matchs des Bleus contre l’Equateur et la Suisse. Pas sûr que les arbitres soient toujours aussi indulgents à l’avenir.
Le match entre la Suisse et l’Equateur a été un braquage en règle de la part des Suisses avec un but dans les ultimes secondes suite à un contre, lui-même consécutif à une énorme occasion équatorienne. Les Equatoriens confirment le danger que représentent toutes les équipes du continent sud-américain à cette coupe du monde mais s’inclinent quand même 2 à 1. C’est mal payée pour la Tri face à un adversaire direct a priori.
Les prochains matchs s’annoncent très excitants avec des nations (Uruguay, Espagne, Portugal) déjà on the edge pour un retour express à la casa. On a hâte également de voir le second match des Bleus face à des Suisses qu’ils n’ont pas battus en match officiel depuis l’Euro 2004. C’était un 20 juin… (on ne va pas chipoter pour un jour).
Mathieu Ceccarelli
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