Timour Gregory aime le cinéma (c’est son métier), le foot (c’est sa passion) et surtout, il adore Chelsea : quand il habitait en Californie, il pouvait se lever à 5h du matin pour se faire un Swansea-Chelsea en streaming… Né d’un père anglais et d’une mère égyptienne, ce réalisateur de talent grandit à Vienne, fait ses études à Stanford et réside désormais à Brooklyn. Avec l’équipe qu’il a créée, le Rapid Williamsburg, il joue au foot trois fois par semaine. Et il est le premier utilisateur de SportEasy aux Etats-Unis. Entretien.
Timour Gregory, une question avant de parler foot : combien de langues parlez-vous ? On fait l’entretien en français ?
Je parle l’allemand et le français – surtout sur le terrain parce que je préfère jurer dans ces deux langues. Et parce que c’est plus facile de communiquer avec certains de mes coéquipiers. Par exemple, si je dis “deuxième poteau” à la place de “back post” quand mon pote français Boubacar tire un corner, les défenseurs américains ne peuvent pas comprendre ! Mais l’anglais est ma première langue bien sûr.
Bon on ne va pas vous embêter, on va continuer en anglais [la suite de l’entretien a été traduite, NDLR]. Que représente le foot pour vous ?
Je suis un obsédé ! Je dépense beaucoup d’argent pour inscrire mon équipe dans des ligues et beaucoup de temps à la gérer ! Et bien sûr, je regarde un nombre incalculable de matchs européens malgré le décalage horaire. Surtout ceux de Chelsea.
S’il y a un match Angleterre-Egypte, vous êtes pour qui ?
Dur à dire… En Coupe du Monde, pour un match de poule, je serais neutre. Mais pour un match à élimination directe, je serais pour l’Angleterre.
Votre club, votre joueur et votre coach préférés ?
Facile : Chelsea, Drogba, Mourinho.
Et votre meilleur souvenir de foot ?
En regardant un match ? La tête de Didier Drogba en prolongations de la finale de Ligue des Champions, en 2012. C’est le penalty qui nous fait gagner le titre, mais cette tête est arrivée à un moment où notre rêve était sur le point de s’éteindre…
En jouant ? Probablement le but que j’ai marqué au cours de mon premier match avec le SV Aspern (l’ancien club de David Alaba) contre le Maccabi Vienne, quand j’avais 15 ans. Je ne marquais pas beaucoup à l’époque et ça m’a apporté beaucoup de confiance.
Aux US, vous sentez une passion grandissante pour le foot ? Ou vous vous sentez très seul quand vous voulez regarder la Ligue des Champions à 15h ?
A New York oui, c’est énorme. Si vous voulez regarder un gros match de LDC dans l’un des bons pubs, il faut arriver une heure en avance pour avoir une place. Vous avez des fan clubs de toutes les équipes européennes, remplis d’Américains qui connaissent par coeur les chants de supporters ! Et clairement, les gens était bien plus à fond dans la Coupe du Monde cette année qu’en 2010.
Vous faites près de 2m. Vous êtes plutôt Peter Crouch, Jan Koller ? Zlatan ? Guillaume Hoarau ? [Il rit, semblant parfaitement connaître le talent de l’attaquant réunionnais]
Zlatan bien sûr. Non non, je ne suis pas vraiment attaquant… Je serais plutôt un Patrick Vieira !
Passons à la pratique. Vous jouez depuis quel âge ? A quel poste ?
J’ai commencé tard, j’avais 9 ans. J’ai commencé arrière latéral mais à 14 ans, mon entraîneur s’est dit que je ferais un bon milieu axial et c’est plus ou moins ce que je suis resté, sauf quand on a vraiment besoin d’un joueur à la Jan Koller.
Le Rapid Williamsburg : racontez-nous tout, l’histoire de l’équipe, le nom, le recrutement et le niveau des joueurs…
Je suis arrivé à New York en 2010 et j’ai joué pour deux équipes (plutôt mauvaises) avec mon bon pote Andreas. On voulait monter une équipe avec plus de partage, un esprit club comme cela existe en Europe. Comme on a tous les deux grandi à Vienne, on a choisi le nom “Rapid” et changé les couleurs en vert et noir plutôt que vert et blanc. Williamsburg est le quartier où l’on vit à Brooklyn et où l’on joue la plupart de nos matchs. On participe à deux ligues : l’une est mixte (5 hommes, 2 femmes). C’est très sympa et on l’a gagnée pour la première fois cette année. La seconde est masculine et c’est un trophée très difficile à remporter, c’est notre nouvel objectif. Nous avons donc des joueurs de niveaux variés, mais ce qui est très important c’est qu’ils apportent de la valeur hors des terrains également. On s’est débarrassé de quelques très bons joueurs par le passé parce que c’était des perturbateurs, comme Samir Nasri !
Vous êtes le “capitaine” ? Ou vraiment le “coach”, qui parle tactique à ses joueurs et recrute chez ses concurrents ?
Les deux. Je garde toujours un oeil sur les bonnes affaires, sur les types de joueurs dont on pourrait avoir besoin… Et bien sûr, je suis célèbre pour mes tactiques défensives, parfois aux dépens de l’esthétique et de la technique, hahaha ! J’ai spécifiquement demandé à SportEasy d’ajouter une tactique 3-3-0, à la Roy Hodgson, pour le foot à 7 !
Comment gériez-vous l’équipe avant de découvrir SportEasy ? Cela vous prenait beaucoup de temps ? Quels problèmes rencontriez-vous ?
J’envoyais des emails pour organiser les matchs du Rapid, ce qui signifiait énormément d’allers-retours, des joueurs qui oubliaient de répondre, d’autres qui venaient avec des amis alors qu’on n’en avait pas besoin…
SportEasy, c’est tout récent pour le Rapid. Ça a changé quoi pour vous ?
Déjà, les envois de mails automatiques m’évitent de devoir “babysitter” les joueurs chaque semaine. Ensuite, tout le monde peut voir la liste des joueurs présents et sait si on a assez de joueurs. Les comptes-rendus de matchs se faisaient entièrement sur Facebook mais maintenant on peut enregistrer les stats et en avoir le bilan. Un jour, on pourra dire qui est le meilleur buteur de tous les temps du Rapid, c’est génial ! Et puis tout le monde adore l’interface, le vote pour l’homme du match, etc.
Et les joueurs, ils adhèrent ?
Au début, il faut leur mettre la pression pour qu’ils activent leur compte et l’utilisent, mais une fois qu’ils réalisent qu’ils peuvent rater des infos sur les matchs, ils se font vite à l’appli. Mon conseil, c’est vraiment de passer de votre ancien système à SportEasy tout d’un coup. Ne le faites pas progressivement, sinon les joueurs vont traîner des pieds. Au bout de quelques semaines, ça y est : la plupart des joueurs votent pour l’homme du match !
Des suggestions d’amélioration pour SportEasy ?
J’adorerais que SportEasy soit mieux intégré avec Facebook. Nous sommes assez actifs sur les réseaux sociaux, nous avons une centaine de fans qui ne jouent même pas dans l’équipe ! Ce serait bien qu’ils puissent voir les feuilles de match et les stats.
Une dernière question : il y a une longue tradition de mauvais films sur le foot, surtout en France. Vous, le réalisateur-footballeur, comptez-vous y remédier un jour ?
Tout à fait : Nizar Melki [co-fondateur de SportEasy et ami de Timour, NDLR] jouera Zidane, et je ferai une brève apparition en Materazzi.